Elle relève le défi, aussi, en enterrant les murailles dans le sol et en les épaississant.
Ce parti-pris est efficace contre les projectiles ennemis mais il réduit considérablement le champ de tir des meurtrières.
Par compensation, leur nombre est multiplié : 400 meurtrières sont dirigées vers l'extérieur.
Mais, aussi, un grand nombre sont orientées vers l’intérieur pour défendre chaque couloir, chaque escalier, chaque courette et chaque porte.
La forteresse devient ainsi un piège meurtrier pour les attaquants qui auraient réussi à pénétrer à l'intérieur.
Ces innovations restent toutefois imparfaites.
Les tours à plan circulaire présentent en effet un caractère archaïque avec des angles morts faciles à miner.
Cet inconvénient ne disparaitra qu'avec la mise au point du front bastonné au milieu du XVIème siècle.
Autre défaut de la forteresse de Salses : paradoxalement, son enterrement.
En effet, ceci a eu pour conséquence que les escarpes soient deux fois plus hautes que les contrescarpes, laissant, ainsi, la muraille exposée au tir de l'artillerie des assiégeants sur plus de sept mètres de hauteur.
Les canons des défenseurs installés en haut de la fortification, ne pouvaient pas non plus, pratiquer des tirs rasants sur les glacis, qui auraient pu décimer les troupes qui montent à l’assaut
La forteresse de Salses est la somme et la synthèse de trois traditions de construction militaire:
1 espagnole par la complexité extrêmes des circulations internes;
par la hiérarchie en trois entités des bâtiments :
donjon, réduit puis la cour commune;
par les couronnements de briques et les échauguettes en encorbellement.
2 Italienne par la symétrie des formes de la forteresse sur un axe est-ouest, par la structure interne des tours
3 bourguignonne par l'enfouissement général des masses ouvragées, par la construction d'ouvrages avancés reliés par des caponnières, par la présence de tours dans les angles, par les galeries d'escarpes.